L’artisanat est sans aucun doute l’un des secteurs sur lesquels la France et le monde peuvent compter pour un développement durable.
Les métiers de l’artisanat ont résisté à l’industrie et reviennent de plus en plus au-devant de la scène à un moment où le monde a besoin de moyens de production plus sains. C’est une alternative sérieuse à l’industrialisation toxique sur une planète en suffocation.
Qu’est-ce que l’artisanat ?
L’artisanat fait partie de ces mots dont les définitions varient beaucoup. On peut prudemment définir l’artisanat comme la transformation de produits ou la mise en œuvre de services grâce à un savoir-faire particulier et hors contexte industriel de masse.
Pour l’UNESCO, les produits artisanaux sont des produits fabriqués par des artisans, soit entièrement à la main, soit à l’aide d’outils à main ou même de moyens mécaniques, pourvu que la contribution manuelle directe de l’artisan demeure la composante la plus importante du produit fini.
Contrairement aux industries, les produits issus de l’artisanat ont des caractères distinctifs évidents. Par exemple, vous pouvez facilement voir les différences de conception entre deux paires de chaussures fabriquées par un artisan. Tandis que les paires de chaussures issues de l’industrie sont identiques ou très difficilement distinguables.
L’artisanat est une activité réglementée dans plusieurs pays d’Europe et du monde. En France, un artisan doit s’inscrire au répertoire des métiers, une base de données gérée par la Chambre des métiers et de l’artisanat. Mais cette condition n’est pas suffisante pour devenir artisan. En effet, l’artisan ne doit pas employer plus de dix salariés. Il exerce également une activité économique liée à la production, la transformation, la réparation et la prestation de services de façon indépendante.
Pour être reconnu comme artisan et pouvoir utiliser ce titre dans vos publicités et documents d’entreprise, vous devez posséder un CAP, un autre diplôme de niveau 3, ou trois ans d’expérience dans le métier que vous exercez en qualité de chef d’entreprise.
Un maître artisan doit pour sa part être titulaire du brevet de maîtrise ou d’un diplôme équivalent de niveau 4. C’est aussi toute personne ayant deux ans de pratique professionnelle dans le métier concerné.
En France, la chambre des métiers et de l’artisanat définit une liste de 281 métiers dont l’horlogerie, la bijouterie, l’orfèvrerie, la lunetterie, les arts de la table, le jouet, l’ameublement, la facture instrumentale, la restauration du patrimoine.
Histoire de l’artisanat en France
L’artisanat est présent en France depuis toujours. Les premiers artisans Français étaient des serfs. Ce sont des personnes qui étaient obligées, par la loi, la coutume ou tout autre accord, de travailler pour une autre personne gratuitement ou contre un salaire modique.
La particularité du serf c’est qu’il ne pouvait pas décider de s’affranchir. Mais pour le remercier du bon travail accompli, un maître pouvait affranchir son serf. Quand ça arrivait, ce dernier continuait à exercer le métier d’artisan qu’il avait appris chez le maître.
Très tôt, les nombreux artisans de France ont commencé à se réunir en sociétés, associations et communautés.
Vers la fin du XVIIe siècle, les communautés grandissent pour devenir des corporations. Des règles strictes sont alors définies pour certains métiers de l’artisanat.
Dès le moyen âge, on distinguait déjà trois niveaux de formation pour devenir artisan : apprentis, varlet et Maistre.
Pour obtenir leur maîtrise, les maîtres devaient avoir été novices pendant quatre ou cinq ans, payer leurs pairs afin d’être intronisés, prêter serment et enfin jurer loyauté envers la profession et la jurande.
Mais ce n’est qu’au début des années 1920 que le mot artisanat a été prononcé pour la première fois. Bien sûr, il y avait déjà de nombreux artisans en France, mais ils n’appartenaient pas encore au grand groupe qu’on connaît aujourd’hui.
Le mot « artisanat » vient de la traduction du mot Allemand « Handwerk ». En 1897, l’Allemagne réglemente son secteur de l’artisanat. Plus tard, en annexant l’Alsace-Lorraine, les autorités du pays souhaitent uniformiser la réglementation dans les nouveaux territoires occupés.
En réunissant tous les métiers de l’artisanat en Alsace-Lorraine, il faut un nouveau nom pour les désigner. On se contentera alors de traduire le mot « Handwerk » en Français.
Pour faire face à l’industrialisation massive du pays, la Confédération générale de l’artisanat français (CGAF) est créée en 1922 pour défendre les droits des petits métiers qui étaient menacés de disparition.
Quelques années plus tard, en 1926 on crée la chambre des métiers pour réglementer davantage le secteur. Avec le temps et les besoins du pays, d’autres lois viendront améliorer les conditions de l’artisanat en France. En 1976, par exemple un décret fixe le nombre d’employés d’une entreprise artisanale à 10 maximum par entité juridique.
L’un des actes majeurs pris par l’Etat Français pour la promotion des métiers de l’artisanat concerne l’organisation des formations.
Il commence par créer les centres de formation des apprentis (CFA) en 1971. Puis, en fin d’année 1982, une loi permettant de mieux encadrer la formation professionnelle des artisans et des chefs d’entreprises artisanales est promulguée.
L’État travaillera désormais en étroite collaboration avec les représentants de l’artisanat dans le cadre d’un Centre d’études et de perfectionnement de l’artisanat et des métiers (CEPAM).
Ce centre deviendra plus tard, en 1990, l’Institut supérieur des métiers (ISM). Son rôle est de former des professionnels du domaine de l’artisanat et de trouver des techniques pour le moderniser. Les efforts déployés par l’Etat pour soutenir le secteur artisanal portent leurs fruits, même aujourd’hui dans une France très industrialisée.
Quel est le poids de l’artisanat en France ?
L’artisanat est la première entreprise de France. Il regroupe près de 281 métiers et jusqu’à 510 activités différentes.
C’est un secteur en constante évolution qui aide le label Made in France à se développer. L’éco construction, le recyclage et le traitement des ordures sont des domaines qui intéressent de plus en plus les nouveaux artisans.
Quels sont les différents types d’artisanat ?
On peut classer l’artisanat en plusieurs types selon le matériau utilisé pour travailler :
- Artisanat textile : les artisans de ce type utilisent toutes sortes de fils et tissus. Ce sont des domaines de tissage, courtepointe, teinture et tricot.
- Artisanat en papier : C’est probablement le type le plus répandu. On l’apprend dès l’enfance avec la peinture au doigt ou de la fabrication de tampons à partir de pommes de terre. La gravure sur bois et la calligraphie entrent dans cette catégorie.
- Artisanat de mode : Ici, l’artisan travaille à habiller ou à concevoir des accessoires pour les clients. Il s’agit par exemple de la fabrication de bijoux, du travail du cuir pour la fabrication de chaussures, des vêtements de luxe etc.
- Artisanat décoratif : Les artisans de ce type aident à décorer vos pièces, les rendre plus gaies. Il peut s’agir de la vannerie, de la fabrication de meubles etc. Ce n’est pas seulement un travail d’art, il doit aussi être utile au client.
On peut également classer les métiers de l’artisanat selon les domaines de professions suivants :
- Le bâtiment : peintre en bâtiment, maître tailleur, peintre en décors, carreleur, chauffagiste etc.
- Les services : taxidermiste, coiffeur, esthéticienne, fleuriste, tailleur etc.
- La fabrication : Cordonnier, ébéniste, diamantaire, maître verrier, graveur etc.
- Alimentation : Boucher, boulanger, fromager, artisan glacier etc.
On distingue parfois d’autres types tels que l’art, le BTP et la création. Mais ils peuvent être inclus dans les quatre types ci-dessus. Enfin, on peut classer la majorité des métiers de l’artisanat en trois catégories :
- Artisanat de production;
- Artisanat d’art;
- Artisanat de service.
Quel est le premier secteur de l’artisanat ?
L’artisanat en France est dominé par le secteur de la construction ou du bâtiment qui représente 49,1% de l’activité artisanale.
Il est suivi par les services qui sont à 29,9%.
Les secteurs de la fabrication et de l’alimentation ferment la marche du podium avec respectivement 13,6% et 7,4%.
La construction est donc le premier secteur de l’artisanat en France. Quatre entreprises sur dix appartiennent au secteur de la construction.
C’est plus de 400 000 entreprises qui emploient 1,1 million de personnes. Cependant, plus de la moitié (58%) de ces entreprises sont des Très Petites Entreprises (TPE) qui n’ont aucun salarié. Autrement dit, l’artisan qui crée l’entreprise est la seule personne qui y travaille. Mais les autres secteurs ne font pas mieux car 78% de leurs entreprises n’ont pas de salariés.
L’artisanat de la construction a moins souffert de la pandémie que les autres secteurs. Le plus touché ayant bien sûr été celui des services tels que la coiffure et les soins esthétiques. Les entreprises de construction étaient exceptionnellement autorisées à continuer le travail. Mais pour continuer le respect des mesures barrières et le confinement, elles ont eu recours à l’activité partielle.
Les métiers du secteur de la construction sont nombreux, et la liste s’allonge avec les nouvelles innovations technologiques.
Mais les principaux sont : maçonnerie, menuiserie, plomberie et chauffage, électricité, peinture, terrassement et travaux publics, charpente et couverture, carrelage et plâtrerie. Le secteur de la construction a très bien su s’adapter à l’évolution et aux défis actuels. On entend de plus en plus des concepts écologiques tels que l’écoconstruction.
Une économie locale qui plaît de plus en plus
Le label « Made In France » qui est connu partout dans le monde doit beaucoup au savoir-faire des artisans de France.
Le pays compte sur son vaste réseau d’artisans pour relancer son économie, après que les industries aient montré leurs limites durant la pandémie. Tous les indicateurs de santé économique sont au rouge : le chômage a augmenté de 7%, le PIB a plongé de 11% et le niveau de consommation de 22%.
Pour relancer l’économie tout en respectant les accords de Paris sur le climat, l’artisanat semble être la solution évidente. Premièrement parce qu’il encourage la consommation locale, et ensuite parce qu’il permet de créer des emplois. Les formations mises en place par la France avant, pendant et après la pandémie permettent déjà de disposer d’une main d’œuvre qualifiée.
Que ce soit dans les secteurs de la fabrication, de la construction ou de l’alimentation, les Français sont capables de répondre à la demande intérieure et même extérieure.
D’ailleurs, environ 30% des exportations françaises sont des produits issus de l’artisanat. C’est donc plus que jamais le moment pour l’artisanat de s’affirmer en tant que première entreprise de France avec ses 300 milliards de chiffre d’affaires.
L’artisanat n’est plus perçu comme un métier pour ceux qui ne savent pas quoi faire. De plus en plus de personnes se lancent. L’Etat a pris des mesures pour les accompagner. Il s’agit par exemple des exonérations fiscales et des prêts sans intérêts. Ce sont des mesures idéales pour tordre le coup au chômage.
Une prise de conscience essentielle
En 2021, sur près d’un million d’entreprises créées 250 000 étaient artisanales.
La très grande majorité d’entre elles travaillent avec des produits locaux et revendent leurs biens et services dans leurs localités.
Ces chiffres sont cohérents avec d’autres publiés par OpinionWay qui démontrent que 67% des Français pensent que l’économie locale peut aider à résoudre les problèmes apportés par la mondialisation. 84% des Français veulent une relocalisation des entreprises françaises.
De plus en plus de Français optent systématiquement pour le Made In France, même lorsque ça coûte plus cher. Et toutes les personnes interrogées affirment clairement qu’elles le font pour sauver des emplois. D’autres encore ajoutent que c’est pour des raisons écologiques.
Depuis quelques années, il y a eu une véritable prise de conscience des français pour revenir à une consommation plus modérée et respectueuse. Plusieurs boutiques en ligne se sont même lancées dans une mise en avant de produits locaux et artisanaux afin de faire fonctionner le circuit court à leur échelle.
Les produits fabriqués en Chine par exemple doivent être transportés par bateau ou par avion ce qui contribue à polluer un peu plus la planète. Les français veulent désormais des produits plus écologiques et plus respectueux de la nature. Des produits qui n’auraient pas à traverser les océans pour être consommés.
Pour encourager les producteurs locaux, 70% des Français se disent prêts à acheter un produit local qui coûte 10% plus cher qu’un équivalent importé.
En plus du patriotisme, ce sont aussi les questions de traçabilité qui expliquent ce sacrifice. Un artisan local produira des biens et services de meilleure qualité qui répondent aux besoins spécifiques des habitants de la collectivité.
Influer à l’échelle des régions
Pour davantage symboliser la volonté de créer une économie locale forte, le label « Made In Région » a été créé.
L’Institut Nationale de l’Origine et de la Qualité accorde des indications géographiques protégées pour aider les producteurs régionaux à crédibiliser davantage leurs produits.
Depuis 2014, les produits artisanaux et industriels portent des indications sur la région où ils sont fabriqués. Ça aide les consommateurs à choisir quel produit local ils veulent consommer.
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